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LES MÉDIAS ET LA LENTILLE DÉFORMANTE
DU DISCOURS NÉOLIBÉRAL
Être prévoyant: mieux financer les filets sociaux |
Les médias n’aident pas: l’Institut économique de Montréal (IEDM), de droite, est présenté comme un organisme «sérieux» et «objectif», alors que la Chaire d’études socio-économiques (CESE), plus progressiste, est considérée comme étant politisée; son porte-parole Léo-Paul Lauzon est traité comme un «personnage». Pourtant ces deux think tanks s’équivalent en contenu subjectif.
La terminologie et les méthodes relatives à la gestion devraient en bout de ligne être abordés davantage avec un esprit de realpolitik, en allant au-delà du débat idéologue gauche-droite pour avoir une vision du monde tel qu'il est afin de s’assurer du mieux-être de la société québécoise.
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La salle de réunion de notre c.a. |
Pourquoi alors, en tant que citoyen, s’intéresse-t-on peu de la manière que sont gérés les fonds de l’État?
DES PROJETS COMMUNS
Il ne faut pas perdre de vue que les taxes sont une cotisation à un «pot commun» qui permet des réaliser certains projets d’envergure (e.g.: construction des barrages hydro-électriques) normalement pas accessible à la plupart des bourses des particuliers, et certaines tâches et services qui, de part leur nature, sont des monopoles naturels, c’est-à-dire que la présence d’un seul fournisseur réduit l’ensemble de coûts de production, alors que l’ajout de compétiteurs augmentent ces coûts: c’est le cas pour la distribution de l’électricité, où un seul réseau est plus efficient que si on laissait plusieurs compagnies privées construire des réseaux parallèles pour chacune des clientèles (on peut imaginer la cacophonique toile d’araignée que ceci produirait) – la prise en charge de certains monopoles naturels par l’État permet en plus à l’électorat d’avoir un levier (indirect) dans les activités de ceux-ci, ce qui ne serait pas le cas si ces entreprises seraient privée. Ceci est important dans la mesure où le monopole naturel est exercé sur une bien ou service jugé essentiel à la population (ce qui n'est pas le cas pour une équipe de hockey à Québec) et pour lequel il existe peu ou pas de substituts (manger est essentiel, mais les contours de marché de ce besoin sont assez vastes pour être laissé au privé).
Des solutions comme la privatisation des soins de santé pour diminuer les dépenses gouvernementales – et donc le déficit – ne sont pas souhaitables pour l’ensemble de la société parce que la santé n’est pas un secteur qui fonctionne adéquatement avec la règle du marché qu'est la recherche de profits: alors qu’une firme privée peut choisir de vendre aux segments de marchés qui sont les plus profitables (et éviter ceux qui ne le sont pas), un hôpital n’a pas le même choix de ses patients, et ceux qui ont besoin du plus de soins sont généralement des gens qui ne peuvent travailler. Le principe d’utilisateur-payeur ne s’applique pas à une personne âgée ayant 90 ans et étant en phase terminale d’un cancer. Et puis la médecine à deux vitesse existe déjà: ça s’appelle aller aux États-Unis. Toute réforme allant dans le sens d’une plus grande place du privé dans le domaine n’est qu’une subvention déguisée pour réduire les coûts des soins des plus nantis.
La qualité de vie qu’on retire du système étatique dans lequel on investit nos taxes est l’équivalent des dividendes versés aux actionnaires.
La qualité de vie qu’on retire du système étatique dans lequel on investit nos taxes est l’équivalent des dividendes versés aux actionnaires.
Évidemment, l’accès universel à des soins de santé gratuits, ça coûte cher, mais il est peut-être préférable d’opter pour des standards qui se comparent aux pays scandinaves, plutôt que de perpétuellement niveler vers le bas en se comparant aux États-Unis. Ce qu’on ne dit pas quand on clame que le Québec est le «plus taxé en Amérique du Nord» en mettant de l'avant des concepts douteux comme le Jour de la libération fiscale (Tax Freedom Day), c’est qu’on reçoit aussi une quantité des services en échange; il faudrait seulement améliorer le ratio de dollars payés et de services reçus, et non démanteler hâtivement un système qui a ses imperfections.
UNE AUTRE APPROCHE DE LA FISCALITÉ
Certaines personnes disent ne pas vouloir être taxée davantage, mais, par contre, estiment qu’elles seraient prêtes à payer davantage au privé pour avoir, par exemple, de meilleurs soins de santé (e.g. privées) ou de meilleures routes (e.g. postes de péages). Ce consentement à payer davantage pour un service qui est déjà gratuit découle de la perception qu’un citoyen a du caractère instrumental des sommes monétaires supplémentaires dépenses pour lesquelles il obtient en contrepartie des biens et des services supplémentaires équivalents: c’est ce qu’on peut appeler la volonté de payer. Cette volonté de payer diminue quand le citoyen paie une taxe qui n’a pas un caractère instrumental aux services qu’il obtient, le principe de solidarité sociale étant peut-être abstrait pour celui-ci. Comme les taxes comme paient vont pour l’ensemble aucompte unique du receveur général et que par la suite elles sont redistribuées par le gouvernement, le caractère instrumental d’une taxe sur l’essence est plutôt flou pour le contribuable. On devrait plutôt compartimenter les taxes provenant de certains domaines et les utiliser uniquement pour le financement d’activités qui sont associés à celles-ci: par exemple, le cigarette cause le cancer, ce qui fait augmenter les coûts de la santé, tout comme la malbouffe; les taxes prélevés de ces deux charges de l’État devraient servir à financer la santé. Les taxes sur l’essence devraient financer les routes et le transport en commun. Ceci est un principe en comptabilité d’exercice, qui permet de mieux évaluer les coûts de production par rapport avec chaque vente, en rapprochant les produits avec les charges. Ça évite aussi de tout mettre les oeufs dans le même panier duquel un fin renard pourrait substituer quelques unités sans qu’on le remarque.
LA PROPRIÉTÉ DE L’ÉTAT
Les «actionnaires» se prononcent et désignent le c.a |
Toutefois, on peut distinguer au sein de la population civile deux catégories qui sont similaires à deux formes d’actionnaires:
- Ceux qui détiennent des actions ordinaires, c’est-à-dire qu’ils possèdent un droit de vote, comme le sont tous les citoyens âgés de 18 ans et plus.
- Ceux qui détiennent des actions privilégiées, dans le sens qu’ils ne possèdent pas un droit de vote (comme les citoyens ayant moins de 18 ans), mais par contre, retirent des dividendes en priorité, obtenant une part des bénéfices avant les détenteurs d’actions ordinaires – ce qui équivaut, pour une société, de mettre la priorité de nos investissement sur la jeunesse et donc, conséquemment, l’éducation et la formation de la relève. (L’appartenance à cette deuxième catégorie n’est pas permanente, puisque les «actions privilégiées sont converties en actions ordinaires» lorsque le citoyen atteint la majorité; simplement l’absence d’un droit de vote d’un individu durant sa minorité ne devrait pas être une raison pour les élus d’accorder peu ou pas d’intérêt envers celui-ci et les autres du même groupe d’âge.)
PPP: DES RENARDS DANS LE POULAILLER?
Il ne faut pas confier le poulailler au renard. |
CONCLUSION
Évidemment, cette approche n’est pas une solution miracle, et ne règlera pas tout. Le cancer continuera à exister et la pauvreté ne sera pas éliminée. Ce n’est qu’une nouvelle façon d’aborder les problèmes auxquels nous seront perpétuellement confrontés, étant appelés à relever des défis et à réaliser des projets communs dans notre petit coin d’Amérique qu’on appelle le Québec, plutôt que d’être une autre des nombreuses promesses d’utopie. C’est bien de rêver d’une société juste et meilleure, mais un moment donné, il faut trouver une démarche logique pour atteindre ce rêve.
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Texte paru originalement le 8 août 2010 chez Génération d'Idées (GEDI)
Images (domaine public)
Assemblée nationale du Québechttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:L%27Assembl%C3%A9e_Nationale_du_Qu%C3%A9bec.jpg
Élection http://en.wikipedia.org/wiki/File:Election_MG_3455.JPG
Le barrage Hoover http://en.wikipedia.org/wiki/File:Hooverdamfrontwater.jpg
Renard: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Vulpes_vulpes_sitting.jpg
Cycle économique http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Cycle_%C3%A9conomique.jpg
Drapeau du Québec http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Flag_of_Quebec.svgÉlection http://en.wikipedia.org/wiki/File:Election_MG_3455.JPG
Le barrage Hoover http://en.wikipedia.org/wiki/File:Hooverdamfrontwater.jpg
Renard: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Vulpes_vulpes_sitting.jpg