Wednesday, March 11, 2015

«L'appel du jambon» du maire Jean Tremblay



La guerre, c'est la paix. 
La liberté, c'est l'esclavage.  
L'ignorance, c'est la force.

- George Orwell, 1984







Source: Wikipedia (domaine public)
Au Québec, la qualité des politiciens, toutes factions confondues, n'est souvent pas au rendez-vous, bien que ça ne soit pas un phénomène particulièrement unique dans le monde occidental. Mais on constate qu'il y a depuis plusieurs années une détérioration de la qualité des candidats et des politiciens exerçant leurs fonctions. Depuis plusieurs mois, il y a eu le fiasco nommé Yves Bolduc, ministre de l'éducation, pour qui les livres à l'école n'étaient pas importants et que les fouilles à nu sur des mineures, sans mandat, par du personnel scolaire, était acceptables s'ils étaient respectueuses. Il y a le cas de Steven Blaney, Monsieur Point Godwin lui-même, qui pour défendre le projet de loi liberticide C-51 condamne les mots parce qu'ils sont, selon sa logique de troll, la cause de l'Holocauste. On croyait atteindre le fond du baril quand une onde de choc fut ressentit dans tout le Québec le 10 mars 2015: le maire Jean Tremblay avait réussit à surpasser en commentaires stupides l'ensemble de ces politiciens médiocres dans un clip contre les intellectuels, en moins temps qu'il en faut pour produire un deux minutes de haine.


Le pire, c'est qu'il y aura des imbéciles et des opportunistes pour se rallier à l'anti-intellectualisme primaire et l'obscurantisme de Jean «l'Ayatollà-là» Tremblay. Parce qu'au Québec, être intellectuel, c'est mal vu.


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Mais d'où vient ce mépris, de cette peur, des intellectuels?



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Se poser des questions, jouer avec des concepts, c'est le lot de tout le monde, que ce soit un humouriste avec un esprit vif, une prof de philosophie cultivée, un animateur de radio qui y va par quatre chemins ou un enfant de 4 ans qui se demande «d'où est-ce que je viens?».
 

Évidemment, pour le pouvoir établi, l'Establishment, avoir des sujets qui obéissent est plus avantageux pour conserver le pouvoir que d'avoir des citoyens qui critiquent les décisions de l'autorité. Alors on crée une «classe d'intellectuels». On prend quelques éléments, parfois les meilleurs, parfois tout simplement ceux qui arrivent à mieux se «brander» pour se faire connaître. On les encense. Et eux arrivent à croire les louanges qu'on leur chante. Ils finissent par se croire «si intelligent» alors qu'être intellectuel, à la base, c'est accessible à tous si la volonté de réfléchir est là.



 

Fraîchement devenus snobs, les intellectuels finissent par déplaire, alors le pouvoir établi se met à jouer sur un deuxième tableau, celui du populisme, en créant une nouvelle catégorie de gens, «le vrai monde». Ce «vrai monde» se construit en opposition aux intellectuels. Avec deux catégories artificiellement créées, et mises en opposition, l'Establishment se maintien au pouvoir. Si les «intellectuels» critiquent trop le pouvoir établira, on dira qu'ils sont déconnectés de la réalités, qu'ils font du pelletage de nuages, et les médias de masse répéteront le message anti-intellectuel, en cajolant le «vrai monde» pour son authenticité; si c'est la populace qui grogne trop, on dira d'eux qu'ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre, et les médias flatteront l'ego d'un quelconque intellectuel ou expert à la solde du pouvoir établi, comme on le constate quand le peuple commence à critiquer les mesures d'austérité, il se fait répondre par l'économiste de service.

 

La notion «classe politique» a émergé dans les dernières années en suivant le même schéma de diviser pour régner, alors qu'à la base la politique - les affaires de la Cité - est un domaine de responsabilité citoyenne ouvert à tous, pas seulement aux membres des partis politiques. 


En bout de ligne, ce sont des catégories - le «vrai monde» et les «intellectuels» - qui sont créées artificiellement pour nous diviser et nous soumettre. Si on le veut, on peut tout simplement être de tous vrais intellectuels.



Refusons «l'appel du jambon»
lancé par le maire Tremblay.
 
 Sans prétention, soyons intellectuels.