Thursday, October 23, 2014

Jouer au soldat et jouer à la victime

Le 7 octobre 2014, le parlement canadien votait une motion pour une intervention militaire en Iraq, ce qui en réalité est une déclaration de guerre à l'État islamique. Que le premier ministre qui veut jouer aux généraux de pacotilles le sache, il y a des conséquences à déclarer une guerre. Si on attaque, il faut s'attendre à être attaqués. 


Depuis plusieurs générations, on s'est habitué à ce qu'une «guerre» se passe sur le sol étranger, de l'autre côté de l'Atlantique, là où les armées qu'on envoie connaissent des pertes alors que les populations civiles restent en sécurité dans leurs pantoufles. Corée, Seconde guerre mondiale, Première guerre mondiale, Afghanistan...


Mais le temps rattrappe le Canada au lieu de «changer». Comme en 1812, les guerres se déroulent à nouveau en sol canadien et y ont des conséquences directes sur la population se croyant à l'abri. Si l'État islamique n'est pas un État dans le sens formel du terme et ne possède d'armée réelle pour livrer des attaques conventionnelles, il y a des stratégies, comme celui de la 5e colonne, et quand le Canada déclarait la guerre il y a 2 semaines, la conséquence directe est que le pays ciblé va riposter.


Dans ce sens, je trouve odieux qu'on puisse jouer à la victime, de faire semblant qu'on est attaqué sournoisement sans provocation.


Est-ce que je crois que l'État islamique est dangereux? Oui. Est-ce que je crois que le Kurdistan doit être aidé dans sa lutte contre l'ÉI? Oui.


Est-ce que je crois que Stephen Harper est l'homme de la situation pour gérer une intervention aussi complexe?


Absolument non.

Thursday, October 9, 2014

Cautériser une jambe de bois

Est-ce qu'une motion «anti-PKP» présentée par la CAQ et appuyé par deux autres partis défend réellement la liberté de presse et l'indépendance journalistique face au pouvoir politique?


Non.


La CAQ se trompe en posant le problème comme un risque de dérapage entre le monde politique et celui des médias, alors que dans la réalité, le problème en est un de concentration de la presse. Faire une loi «anti-PKP» est principalement une attaque personnelle, un geste partisan, qui se mascarade en défense de la démocratie.


Cette motion ne règle pas l'hégémonie de la poignée d'entreprises qui contrôlent le message, et qui plus qu'autrement fait pencher le discours médiatique vers la droite. On ne se cachera pas que TVA est influencé par la présence malsaine d'une personne de l'IEDM, qui ne doit pas être étrangère aux tribunes accordés à des gens comme Eric Duhaime et Joanne Marcotte qui n'ont aucunement leur place comme commentateur politique dans un média dit sérieux. Le problème n'est pas tant le biais droitiste du média - il existe des journaux indépendants gauchistes - mais l'omniprésence de ce message de droite porté par l'hégémonie médiatique de Québécor.


On peut faire des reproches similaires au clan Desmarais, groupe décadent qui affectionne apparemment les spectacles racistes en "blackface", qui par leur contrôle de la Presse et par des alliances stratégiques réussit à marteler le message fédéraliste. Cette famille a des liens beaucoup étroits avec l'appareil politique - le parti libéral - que la famille Péladeau a pu avoir dans le passé avec le Parti Québécois. Pourtant, on ne voit pas de motion anti-Desmarais, ni Québec, ni à Ottawa. PowerCorporation a le bras long. Mais bon, peut-être PKP «pèche» en s'alignant sur le camp souverainiste, ce qui déplaît au reste de l'Establishment.


Bref, le problème n'est pas qu'un magnat de la presse siège au gouvernement et puisse utiliser son influence pour le bénéfice de son parti, dénaturant ainsi la presse libre, mais qu'il existe ce genre de magnat de la presse. Il faudrait une loi anti-trust plus rigide pour mettre un terme à ce quasi-duopole médiatique afin de ramener quelque chose de bien simple: des nouveaux joueurs, de la concurrence, ne serait-ce que pour ramener une plus grande diversité de contenu.

Saturday, February 8, 2014

Une minute d'Histoire : Le voile au Québec




Au Québec, dans le débat actuel qui concerne la soi-disant des charte des valeurs «québécoise», on est plutôt dans l'émotion que dans la raison. D'un côté, on veut restreindre le port de symboles religieux au sein de la fonction publique et des organismes para-gouvernementaux (comme les écoles et les hôpitaux, bien que le Québec ait connu une longue histoire d'enseignantes et d'infirmières issues des congrégations religieuses qui portaient, en tant que soeurs et mères supérieures, un voile assez similaire au hidjab), de l'autre, on conserve le crucifix à l'Assemblée nationale sur une base supposée patrimoniale. Le crucifix est «culturel» dira-t-on, mais quelle partie de cette culture québécoise représente-t-elle? La partie religieuse. Donc, le crucifix est un symbole religieux que l'on doit retirer si la charte doit avoir la moindre légitimité, sinon, elle est une façon déguisée d'imposer le catholicisme comme religion d'État tout en ciblant les autres religions sous le couvert douteux d'une «laïcité» qui n'en est pas une.

Pour ce qui est de la conservation du patrimoine, je veux bien. Par exemple, l'église Saint-Nom-de-Jésus dans Hochelaga-Maisonneuve a été construite par des paroissiens québécois et possède un orgue Casavant d'une grand valeur historique: le gouvernement devrait s'assurer de l'intégrité de ce site pour des valeurs architecturales et patrimoniales, bien que l'édifice soit religieux. Il y a une valeur muséale au site. Le crucifix de l'Assemblée nationale, imposé par Duplessis comme pied-de-nez à la séparation de l'Église et de l'État en France en 1905, a toute de même une valeur historique et sa place est dans un musée... ou dans une église.

Mais en ce qui concerne la continuité de cet héritage historique, faut-il rappeler que l'Église catholique a traditionnellement jouer le même rôle en Nouvelle-France que celui qu'on reproche aujourd'hui aux imams: celui de carcan de la femme. Bien que les gens sont conscients que le voile n'est pas étranger à la culture québécoise dû à la forte présence de congrégations religieuses (Montréal a été fondée par une curieuse alliance de fanatiques religieux et de marchands de fourrures, sans oublier les nombreux groupes religieux catholiques ont immigré au Québec après 1789), souvent ceux-ci se disent que c'était l'uniforme des religieuses appartenant à des organismes, alors que les musulmanes le porte sur une base individuelle sans lien avec une congrégation. Or, dans notre passé, le port du voile était généralisé à l'ensemble population féminine. Ce cours extrait dresse un portrait de nos antécédents moralistes au Québec:



« On ne s'étonne plus ensuite que cette société vive dans une atmosphère de morale rigoureuse. Sans en être le créateur (puisqu'elle a cours en l'Europe de son temps), le théoricien de cette morale est l'évêque Saint-Vallier, à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles, et son système de pensée va se prolonger par son Rituel et par son Catéchisme, jusqu'à l'époque de mes parents.

Morale qui régit tout le champ de la vie. Y compris d'abord la toilette, celle évidemment de la femme. On voit vos cheveux à l'église, madame, et ils sont frisés? écoutez l'évêque qui dénonce chez vous en 1682 et 1686 « la tête découverte, ou qui n'est couverte que de coiffes transparentes, et les cheveux frisés d'une manière indigne d'une personne chrétienne ». Mais, écrit-il encore, ce qui « nous perce l'âme de douleur », ce sont, dans l'église, ces « nudités scandaleuses de bras, d'épaules et de gorges, se contentant de les couvrir de toile transparente qui ne sert qu'à donner plus de lustre à ces nudités honteuses », « dont la vue fait périr une infinité de personnes, qui trouvent malheureusement dans ces objets scandaleux la cause de leurs péchés et leur damnation éternelle. »

Marcel Trudel, Mythes et réalités dans l'histoire du Québec, p.303-304



Je me demande finalement d'où vient tout ce côté émotif concernant le port du voile: est-ce qu'il s'agit d'une façon pour une collectivité, dans ce cas-ci québécoise, de résister à l'influence étrangère (musulmane dans la circonstance) ou est-ce un refus de voir une certaine part des ténébres au sein de cette collectivité québécoise, le hidjab renvoyant à une partie beaucoup moins reluisante de notre passé?

Friday, January 31, 2014

Les grandes chansons : Quelque chose comme un grand peuple

Faute de temps et d'inspiration, j'ai délaissé mon blogue depuis quelques temps, ce qui incommode probablement seulement les trois personnes qui le lisent (me, myself and I... :P ), mais je prends le temps de mentionner qu'il y a une chanson qui m'inspire beaucoup d'optimisme ce temps-ci. Et il en faut! Au-delà de la déprime saisonnière hivernale, il y a pour les souverainistes pas mal d'ombres au tableau: l'éclatement du mouvement souverainiste en plusieurs partis (Québec Solidaire, Option Nationale, Parti Québecois) faute d'un manque de volonté péquiste de remplir son simple mandat qu'est de faire l'indépendance; les dérives populistes de la charte des valeurs qui accaparent tout l'espace médiatique, faisant de l'indépendance un dossier de troisième ordre alors qu'il est la pierre angulaire de l'intégration des nouveaux arrivants (un Québec indépendant permettrait aux immigrants de devenir de manière formelle des Québécois en acceptant la citoyenneté, alors que le système canadien actuel ne permet pas cette transformation); la longue agonie du Bloc Québécois à Ottawa, pour lequel on peut douter d'une guérison prochaine; et le départ de Jean-Martin Aussant d'Option Nationale, pour qui j'avais beaucoup d'admiration (mais je donne une chance à Sol Zanetti!).


L'indépendance du Québec est une cause juste.

Les partis indépendantistes existent.

La population, comme on l'a vu durant le Printemps érable, peut être mobilisée par centaines de milliers.

Il reste aux chefs à se décider d'agir.






QUELQUE CHOSE COMME UN GRAND PEUPLE

– René Lévesque

 (Alexandre Belliard)

J’ai appris des champs de bataille
Et des visages de ceux qui luttent
Et de leur cœur tout le courage
Puisé à même ce qu’ils croient juste

Puis j’ai foncé tout droit devant
Comme ceux qui avancent en sachant
qu’ils ne seront plus jamais les mêmes
pour ce qu’ils défendent et ceux qu’ils aiment

En rêvant pour la première fois
de quelque chose comme un grand peuple
Combattant jusqu’à la prochaine fois
Jusqu’à la naissance d’un grand peuple

Et j’ai porté les espérances
Jusqu’à l’aube de mon pays
J’ai vu poindre la délivrance
En un seul mot, en chaque oui

Attendez… que je me rappelle
de Gaulle se ralliant à nos cris
et 76 comme un poème
et des combats de toute une vie

En rêvant pour la première fois
de quelque chose comme un grand peuple
Combattant jusqu’à la prochaine fois
Jusqu’à la naissance d’un grand peuple

En rêvant d’une prochaine fois
de quelque chose comme un grand peuple
Combattant pour une ultime fois
Et l’indépendance d’un grand peuple