Monday, January 14, 2013

Plumes rouges et questions autochtones


Dans le contexte de la contestation actuelle du gouvernement Harper par les Autochtones et leurs sympathisants et de la complexité du dosssier en question, il est parfois difficile de pouvoir bien discerner les enjeux en question. Que représente réellement le mouvement « Idle No More » (que je traduis librement par « Fini de se faire plumer », question de conserver le contenu plutôt que le contenant et de mettre un terme  à cette anglicisation forcée à laquelle les organisateurs font sourde oreille)? Est-ce un mouvement issu de la base, comme le présente les différents portes-paroles et les médias conventionnels, ou est-ce un groupe téléguidé par les élites du Media Party, comme le dit Ezra Levant entre deux doses de LSD?


Qui sont les Indiens ?


« Mais qu'est-ce qu'ils veulent, eux, les Indiens ? »


Dans un premier, lorsqu'on aborde la question des Autochtones, il faudrait d'abord simplifier et en parler dans un contexte strictement québécois, sinon on se perd dans le capharnaüm canadien. Au Québec et dans la plupart des provinces canadiennes et ses territoires, il existe trois catégories de peuples autochtones:

  • Les Amérindiens comme tels, ceux qu'on appelle les Indiens d'Amériques ou Premières Nations
  • Les Inuit (singulier: Inuk)
  • Les Métis

Les peuples amérindiens et les Inuit forment des groupes culturellement, ethniquement et géographiquement bien différents. Par exemple, les Inuit vivent sur trois continents: Europe (Groënland), Amérique du Nord (Alaska et Grand Nord canadien) et Asie (la Béringie dans l'extrême-orient russe), alors que les Amérindiens sont retrouvés en quantité significative seulement en Amérique du nord. Génétiquement, les Inuit sont distincts, car leurs ancêtres proviennent de vagues d'immigration provenant beaucoup plus tardives (la remontant à l'an 1000 de notre ère) que celle des premiers Amérindiens (qui sont arrivés dans le Nouveau-Monde il y a au moins 30 000 ans, possiblement avant même que les premiers hommes de Cro-Magnon arrivèrent en Europe à partir de l'Afrique et du Moyen Orient pour prendre la place des hommes de Neanderthals). Bref, on peut dire qu'il y a des Autochtones en Amérique depuis aussi longtemps, peut-être davantage, qu'il y a des Européens en Europe. Et ce, qu'en déplaisent aux fabulations de Réjean Morissette. Au Québec, la plus ancienne présence humaine retrouvée jusqu'à maintenant date d'il y a au moins 10 000 ans, comme l'atteste les découvertes au site archéologiques du Lac Mégantic. À titre comparatif, les premières villes comme Çatalhöyuk et Jericho n'existaient pas encore au Moyen Orient, et la France terminait de subir les effets de la dernière ère glaciaire. On connaît peu sur les Autochtones de ces périodes outre que les artéfacts retrouvés, de leurs filiations avec les groupes culturels actuels. Mais on pourrait aussi dire la même chose des liens entre les Français actuels et les prédecesseurs Cro-Magnons.


Légalement au Canada, les Autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits) sont gérés par la Loi sur les Indiens, une vieille loi raciste basé sur des pourcentages de sang et de la médecine eugéniste. Certains ont un statut reconnu et sont inscrits auprès du gouvernement fédéral. Une situation un peu ridicule, dans le fond, parce qu'on le code d'appartenance d'un peuple amérindien appartient à un autre peuple issu de la colonisation européenne. Imaginez, un instant, qu'un Français ait à demander au gouvernement turc le droit d'être reconnu légalement comme un Français. D'autres Autochtones ne sont pas inscrits auprès du gouvernement. Des trois catégories d'«Indiens», on se trouve donc avec un total de six groupes, si on réparti les membres aussi entre inscrits et non-inscrits. Voilà qui complexifie le dossier.


Au Québec, les nations amérindiennes sont au nombre de 10 (à celles-ci se rajoute les Inuit, le tout formant les 11 Premières Nations); le Canada et les États-Unis en comptent plusieurs centaines. Ces 11 populations retrouvées au Québec sont les Abénakis, les Malécites, les Innus (Montagnais), les Wendats (Hurons), les Mohawks, les Naskapis, les Cris, les Anishnabe (Algonquins), les Micmacs, les Attikamekws et les Inuits. Ces 11 nations forment des groupes culturels distincts. La langue innue est aussi différente de celle de Mohawks que le français du chinois. Certaines langues sont apparentées, au même titre que le français, l'espagnol et l'italien sont des langues latines, que l'allemand, le néerlandais et l'anglais sont des langues germaniques; trois groupes de langues autochtones existent au Québec: les langues algonquiennes (Algonquins, Innus, Naskapis, Cris, etc.), les langues iroquoïennes (Wendat, Mohawk), et langue inuite. Personne ne parle «l'indien».  


Si on combine les variations de statuts légaux (inscrits ou non), on peut obtenir 22 catégories. Si on rajoute les différences liés aux mariages mixtes (Métis), le nombre augmente encore. Ces divisions, créées par le gouvernement colonial canadien, servent à créer des inégalités et semer la discorde au sein des communautés des Premières Nations.





[texte à compléter]