Sunday, June 26, 2011

Élections fédérales 2011: Bilan

Lors du 2 mai 2011, le Canada a connu des élections fédérales qui ont changé significativement la carte électorale du Québec. 5 partis ont émergé avec des candidats élus:

Le Bloc Québécois: 4 sièges
Le Parti Libéral du Canada: 34 sièges
Le Nouveau Parti Démocrate: 103 sièges
Le Parti Conservateur du Canada: 166 sièges
Le Parti Vert: 1 siège

Au-delà des chiffres, d'autres éléments et des interprétations de ceux-ci ressortent. Je ne nierai pas ma préférence pour le Bloc Québécois, ni prétendrai être objectif: un blog n'a tout simplement pas les mêmes restrictions que le journalisme.


1. Shaka Zulu !

Le cas du Bloc Québécois (BQ)
(4 députés élus au Québec)


La formation en coin
Dans un premier temps, quand on parle des Conservateurs, grands rivaux du Bloc Québécois, une expression qui est souvent utilisée pour décrire le genre de campagne électorale qu'ils mènent est celle de wedge politics, une pratique qui implique notamment le recours à des sujets controversés, comme le registre des armes à feu (qui oppose les députés ruraux du NPD de leurs équivalents urbains), dans le but de semer la division au sein des rangs adverses. Visuellement, et si on se permet l'emploi de la métaphore, on peut dire que le wedge politics ressemble conceptuellement à la tactique de la formation en coin (flying wedge), souvent employée par la cavalerie pour disperser les foules: le recours aux sujets controversés et les attaques personnelles sont la pointe de ce triangle qui «perce» le camp adverse, alors que la base du triangle est l'ensemble des militants conservateurs, bien endoctrinés, qui poursuivent le martèlement du message initial.  Au niveau des tactiques militaires, une défense contre ce type d'attaque est une formation en «dents de scie» dont le but est éventuellement d'encercler l'adversaire; sur le plan politique, la façon de combattre les Conservateurs au Québec passe par le recours au vote stratégique, en favorisant, comté par comté, le candidat (la «pointe de la dent de scie») qui a les meilleures chances de battre le représentant local de Stephen Harper.


Dans un second temps, avec l'image ci-dessous, on pouvait déjà prévoir le recul du Bloc Québécois durant la campagne électorale en représentant les camps adverses avec la tactique des cornes de buffles (une variante du modèle à dents de scie),  historiquement employée par le célèbre Shaka Zulu



Alors que normalement le Nouveau Parti Démocrate (NPD) joue un rôle négligeable dans la politique fédérale chez les Québécois, et qu'auparavant le Parti Conservateur du Canada (PCC) avait connu une longue décennie de «purgatoire réformiste» rendant  impossible l'élection de la plupart de ses candidats en sol québécois (jusqu'à un «changement de vent à Québec») en 2011, c'était différent: le succès de Jack Layton au débat des chefs et ce qui restait du «vent de conservatisme» de la ville Québec allaient menacer le Bloc Québécois sur ses flancs, à gauche autant qu'à  droite. La traditionnelle tactique de la formation en coin que le Bloc Québécois utilise contre le Parti Libéral du Canada, l'éternel adversaire fédéraliste vers lequel se focalisent  les énergies, n'allait pas porter fruit cette fois-ci pour les forces souverainistes.

Je m'attendais donc à un recul, important même.

Ce qui a surpris au moment des élections, c'est qu'il n'y a pas eu qu'un simple recul du Bloc Québécois, mais l'effondrement du parti au complet, y compris dans des bastions comme la circonscription de Hochelaga-Maisonneuve. Je suis déçu, j'ai longtemps appuyé ce parti et je ne considère pas encore retirer cet appui, mais il y a des réflexions importantes à faire sur l'avenir du Bloc Québécois, notamment avec un renouvellement du leadership qui laisse plus de place à la «génération Y» et une mise à jour du discours souverainiste en délaissant les vieilles façons d'aborder l'État-Nation, le «folklore» conservateur-nationaliste anti-anglais et un certain repli sur soi, en faisant de la souveraineté, dans un contexte de mondialisation qui s'accroît sans cesse,  un levier essentiel pour l'essor du Québec autant au niveau économique, écologique, politique que culturel. La question d'un régime républicain devrait aussi être abordée. Bref, il faut arrêter d'être contre le Canada, ce pays voisin, et pour l'indépendance du Québec, non sur la base de notre ethnie, mais de nos institutions démocratiques. Peut-être aussi que si dans un contexte de gouvernement minoritaire, il est facile d'expliquer à l'électorat québécois le rôle que joue le Bloc en détenant la balance du pouvoir, un important outil de négociation pour les intérêts du Québec, ce rôle devient moins évident au sein d'un gouvernement majoritaire, où la position en tant que troisième parti relègue quasiment les députés de ce parti aux oubliettes.

Ce qui serait une ratée pour le Bloc Québécois, ce serait de ne pas tenir compte du message que semble envoyer l'électorat qui traditionnellement l'appuie (ce que souligne le candidat défait Daniel Paillé), et de passer immédiatement à une course à la chefferie, comme l'a proposé hâtivement l'ancien député bloquiste Pierre Paquette. Par moment, la sortie de Pierre Paquette me fait penser à un Julius Nepos ou à un Romulus Augustule qui voudrait encore réclamer ses titres, alors que la carte a été complètement redessinée et que de nouveaux sont sur le terrain. Mais bon, il est trop tôt pour dire si la «vague orange» aura eu un effet durable sur les habitudes de vote des Québécois.

Pour le mieux-être du mouvement souverainiste, cette remise en question devrait aussi être effectuée chez le Parti Québécois avant les prochaines élections provinciales, mais avec le leadership actuel de ce parti, la défaite du Bloc est probablement un aperçu de la défaite prochaine de Pauline Marois au niveau provincial. Déjà que le départ de pierres angulaires que sont Louise Beaudoin  (de loin ma préférée) et Pierre Curzi annonce que cette remise en question grandement nécessaire du Parti Québécois a peu de chances d'aboutir.



Découragé du PQ et de sa politicaillerie électoraliste sans vision, répugné par François L'Ego et sa coalition fédéraliste déguisée (comme un cheval de Troie), trouvant Amir Khadir sympathique mais Québec Solidaire trop radical, je fais parti du lot d'«orphelins politiques» qui adopte une position attentiste jusqu'à ce qu'une formation puisse. 

Peut-être aussi que l'émergence du mouvement Cap sur l'indépendance, une coalition d'organismes souverainistes, marque chez la population la fin de l'«impartition» de la cause de la souveraineté du Québec auprès du Bloc Québécois et du Parti Québécois et une prise en charge du projet par les militants eux-mêmes.


2.  La «dionisation» se poursuit...
     
Le cas du Parti Libéral du Canada (PLC) 
(7 députés élus au Québec)

D'autre part, et on ne le souligne pas assez dans les médias, le Parti Libéral du Canada (PLC) s'est lui aussi écroulé. Pourtant, après le passage de Stéphane Dion et son leadership tiède, on aurait cru que le parti était déjà au fond du baril et ne pouvait que regagner des points dans les sondages. Et après tout, le Parti Libéral, c'est le parti du centre, c'est le parti de «gouvernance naturel»... non? Apparemment, Ignatieff a pitoyablement échoué, rendant apparente que la «dionisation» du PLC n'était pas terminée, elle avait seulement pris une nouvelle forme. Un des problèmes du PLC, qui l'est autant pour le Bloc Québécois, c'est que si la diabolisation de Stephen Harper a porté fruit auprès de l'électorat de la Belle Province, on s'est néanmoins retrouvé un peu dans la même situation que l'élection présidentielle américaine de 2004, c'est-à-dire que bien qu'une grande proportion de gens étaient convaincus de voter contre George W. Bush, peu étaient motivés de voter pour John Kerry. Ainsi, il semblait se dresser deux camp, le premier étant celui des Conservateurs, le second étant celui de tous les autres confondus, rendant la tâche difficile à Michael Ignatieff de se démarquer du lot, et ce même malgré l'absence d'Elisabeth May au débat des chefs, pour des raisons obscures (décidées de manière anti-démocratique par le consortium de diffuseurs). Un second problème est la méthode traditionnelle qu'utilise le Parti Libéral du Canada pour se faire élire: se positionner au centre-gauche durant les élections et puis gouverner à partir d'une position centre-droite en cours de mandat. Or, en étant du côté gauche, où le NPD et le Bloc Québécois y cherchent aussi des votes, ceci a laissé le champ libre au gouvernement Harper dans le côté de droit de l'électorat. Et l'électorat gauchiste, ayant le choix entre une «pseudo-gauche» du PLC ou une «vraie gauche» d'un NPD qui pour une chance de se faire élire, a choisi davantage le camp de Layton.

Personnellement, je crois que  pour augmenter ses chances Michael Ignatieff aurait du faire campagne en tant que chef d'un parti centre-droite, fiscalement responsable comme en avait la réputation de l'être Paul Martin lorsqu'il était ministre des finances, afin de jouer dans le terrain des conservateurs modérés et d'y faire des gains.


En l'absence de crise constitutionnelle et avec une réputation ternie par le scandale des commandites, le PLC a du plomb dans l'aile. Se pourrait-il que le Bloc Québécois et le Parti Libéral, deux adversaires acharnés, soient devenus les deux faces d'un même sous noir, et que personne n'en veut? La chute de «l'épouvantail» libéral peut-elle être la cause de la déchéance simultanée du Bloc? Si oui, alors Justin Trudeau pourrait devenir paradoxalement le «sauveur» du Bloc Québécois en faisant des gains pour le Parti Libéral aux prochaines élections en 2015. Ce genre de contradiction n'est pas sans rappeler le modèle politique des Bootleggers and Baptists, selon lequel des adversaires peuvent soutenir une même position, comme l'interdiction de la vente de l'alcool, mais sur des bases morales complètement différentes: pour les Baptistes, cette mesure permet de promouvoir la sobriété au sein de leur communauté, alors que pour les bootleggers, cet interdiction permet d'augmenter la taille d'un marché qui ne souhaite pas changer ses habitudes de consommation; chacun des deux groupes lutteront pour que l'interdit reste en place.




3. Révolution orange?

Le cas du Nouveau Parti Démocrate (NPD)
 (59 députés élus au Québec)

Là pour rester?
Puis il y a la question du Nouveau Parti Démocratie (NPD): le ballon orangé va-t-il dégonflé dans les prochaines années? Dans les prochaines semaines? À l'instar de l'ADQ (qui autrefois faisait curieusement campagne sous une bannière orangée) en 2007 (au niveau provincial), le NPD a fait des gains considérables qui ont porté au pouvoir plusieurs politiciens inexpérimentés qui, eux, normalement ne devaient pas s'attendre à être élus. La victoire du NPD au Québec s'explique en partie par une bonne performance au débat des chefs de la part de Jack Layton et d'une importante visibilité de son lieutenant Thomas Mulcair,  en plus de la difficulté de connexion de Duceppe avec sa base  (notamment à cause du slogan peu inspirant «Parlons Qc») la diabolisation (parfois méritée) de Stephen Harper et un leadership de calibre «gérant de Tim Horton» d'Ignatieff auprès des ses troupes libérales. Élevé pour la première fois au rang d'opposition officielle grâce en bonne partie au Québec, le NPD représente peut-être mieux les intérêts et les valeurs progressistes du Québec dans un contexte de gouvernement conservateur majoritaire que ne le ferait le Bloc en tant que troisième parti. Il va falloir que les héritiers du Duceppe trouvent des arguments solides pour regagner l'appui populaire et/ou que le NPD fasse un travail bâclé avec le mandat que le Québec lui a confié.

Reste à savoir, une fois l'effet lune de miel passé, à qui profitera la baisse d'appuis pour le NPD?


4. L'insignifiance du Réseau Liberté-Québec et l'échec de la démocratie confirmées.

Le cas du Parti conservateur du Canada (PCC)
(5 députés élus au Québec)

Fondé l'automne dernier, probablement pour donner du boulot à deux anciens conseillers de l'équipe de Mario Dumont après que ceux-ci aient contribué à la débâcle de ce parti sur la scène provinciale, notamment en encourageant le chef de ce parti à tenir un discours plus à droite que d'habitude,  mon réverbère quotidien qu'est le Réseau «Libarté» Québec (RLQ) se veut être une reprise des activités du Tea Party américain, même si ce mouvement prétend le contraire. Le but avoué de ce groupe est, dans un premier temps, de réseauter l'électorat à droite, afin de fidéliser des électeurs dociles qui appuieront, selon les besoins, le Parti Conservateur sur la scène fédérale, et l'Action démagogique démocratique du Québec sur la scène provinciale; dans un second temps, l'objectif est d'utiliser cet électorat fidélisé pour faire pression, en tant que lobby sur ces deux partis politiques afin que ceux-ci prennent davantage un virage à droite. Une droite fiscale plutôt que morale, dit-on, mais c'est tout de même curieux qu'un de ses leaders, Roy Eappen, est un monarchiste chrétien... Troisièmement, ce groupe populiste sert d'echo chamber pour les autres lobbys de droite déguisés en think tanks, que ce soit le Fraser Institute ou l'IEDM, et les médias propagandistes, du genre Sun News et Québécor: à force de répéter le même message bidon, on espère créer assez de sensationnalisme pour faire passer n'importe quoi...  Dans un quatrième temps, le but réel qui résulte des étapes précédente est de fournir des sinécures et des tribunes à Éric Duhaime et Johanne Marcotte, les deux anciens conseillers de Mario Dumont, dont l'incompétence est manifeste quand on compare les résultats des élections provinciales de 2007 (41 députés élus lors de la «vague adéquiste») avec la débâcle de 2008 qui réduit cet opposition officielle provisoire à une peau de chagrin de 7 députés.

Aux élections fédérales, que furent le résultat de ce lobby qui mascarade en mouvement populaire?

Après un film mauvais travesti en documentaire, deux congrès qui attirent moins de gens qu'un bal de finissants, une panoplie d'apparitions médiatiques injustifiées (surtout sur la chaîne TVA et les autres filiales de Québécor),  l'appui des radio-poubelles de Québec et toute un lot de mobilisations via Facebook et Twitter, il y a eu seulement 5 députés conservateurs élus au Québec, une chute de 50% par rapport aux résultats de 2008, où les 10 députés élus au Québec sous l'effet du «vent de conservatisme» émanant de la Vieille Capitale. Terminus aussi pour André Arthur. Non seulement c'est un recul pour la droite au Québec (ce que je suis loin de pleurer), mais en appuyant massivement le NPD l'électorat québécois est passé davantage à gauche qu'il ne l'était avec le Bloc Québécois, un parti davantage «parapluie», regroupant différentes tendances politiques (qui sont tout de même plus progressistes que celles retrouvées en Alberta). Bref, on voit l'efficacité de Marcotte et Duhaime...

Au niveau pancanadien, la disparition du Bloc Québécois au profit du NPD à l'intérieur du Québec, et l'élection d'un gouvernement majoritaire conservateur dans le ROC illustre que même sans parti souverainiste à Ottawa, on est loin de la fin de deux solitudes, le Québec et un Canada qu'on a du mal à reconnaître tellement qu'il est imprégné de la doctrine Bush, sont maintenant confrontés dans une lutte entre les éléments plus progressistes de la Belle Province et les larbins conservateurs, le tout un peu à l'image du Culture War des États-Unis.

Finalement, que dire d'un gouvernement «majoritaire» ayant récolté seulement 39.9% des voix? Il semble aberrant de continuer à fonctionner encore avec le système de scrutin uninominal à un tour, quand on remarque que Harper ne peut légitimement représenter la majorité des Canadiens et des Québécois quand l'ensemble de ces populations combinées ont à 60.1% contre le parti conservateur, soit ce qu'on appelle une majorité absolue en démocratie. De sérieuses réformes électorales sont nécessaires, mais avec ce n'est pas le PCC qui va élargir le pouvoir des citoyens face aux grandes entreprises.



5. Un joueur de trop, ou un jeu mal conçu?


Le cas du Parti Vert du Canada
(0 députés élus au Québec)

Exclue du débat des chefs par un consortium médiatique qui fixe arbitrairement les règles, Elizabeth May est parvenue tout de même à se faire élire, ce qui est une première pour le Parti Vert du Canada, triomphe autant glorieux qu'il a été atteint malgré la mauvaise foi de médias et à contre-courant de la vague conservatrice dans le ROC. Les médias disait qu'elle était une candidate de trop, d'un parti sans députés élus, représentant un électorat marginal, qu'elle n'avait aucune chance d'être réellement élue comme chef d'État (...et pourtant on invite Duceppe?). Mais qui donne le droit à ce consortium de fixer les règles? Il semble anti-démocratique d'exclure Elizabeth May du débat, surtout quand on constate que plusieurs de ses médias sont dans le même lit que certaines formations politiques: les liens entre Power Corporation et le PLC sont déjà évidents, tout comme ceux de Québécor et de Sun Media avec le PCC. Par moment, on pourrait quasiment dire que ces firmes sont les ailes médiatiques de partis politiques, notamment dans le cas de Sun News Network, et que la décision d'exclure le Parti Vert du débat est une manoeuvre politique déguisée par les chaînes de télévision par le prétexte selon lequel «trop de candidats rend le débat confus pour l'auditoire» et qu'on aimerait bien «retrouver les duels d'antan entre le bleu et le rouge qui plaisent davantage au public» parce qu'ils sont plus simples à comprendre. Et évidemment, quand on pense que le PCC est le grand ami des pétrolières et que le PLC a tout de même des liens avec Total via Paul Desmarais, l'idée de mettre des bâtons dans les roues d'un parti écologiste n'est pas sans gain pour ceux qui contribuent aux caisses électorales de ces partis respectifs.

D'autre part, la présence du Parti Vert cause aussi problème pour les électeurs davantage progressistes, dans la mesure où dans le système électoral canadien, qui a un problématique scrutin uninominal majoritaire à un tour, c'est le candidat ayant obtenu plus de votes qui l'emporte, peu importe s'il a moins que 50%+1 des voix (comme on le constate avec l'aberrant gouvernement «majoritaire» conservateur, appuyé seulement par le tiers des Canadiens). Ce qui signifie qu'au Québec autant qu'au Canada, lorsque le PLC, le NPD, le Bloc Québécois, le Parti Vert et un lot de partis marginaux se querellent pour l'électorat progressiste, cette division du vote est surtout bénéfique pour l'électorat conservateur capable de rester uni par la partisanerie. Dans cette mesure, le Parti Vert est «nuisible» pour la gauche. Inversément, quand la gauche fait appel au vote stratégique pour vaincre le candidat conservateur d'un comté, le Parti Vert est le premier à écoper.

Bref, à gauche ou à droite, le Parti Vert du Canada est un «joueur de trop».

Il y aurait peut-être la possibilité que le Parti Vert intègre le NPD ou le Parti Libéral du Canada en tant que «club politique», un peu comme l'a été brièvement le SPQLibre dans le Parti Québécois, ce qui éviterait de diviser le vote progressiste, et de donner une possibilité aux Verts d'influencer la plate-forme électorale d'un parti qui a de meilleures chances de l'emporter. Une autre solution, pas immédiatement réalisable, est de changer le système électoral pour un scrutin proportionnel, qui représente mieux la population (peut-être que ce système est jugé plus instable, mais si même Israël peut se permettre d'avoir un système proportionnel dans une région troublée, le Canada peut largement se le permettre, son seul conflit d'importance étant avec le Danemark pour quelques arpents de neige).



6. Réformes souhaitables: mes recommandations

Brièvement je considère les points suivant comme étant le point de départ d'une démocratie améliorée:

1. L'abolition de la monarchie

Une société démocratique doit être fondée sur l'égalité juridique entre citoyens, et non formée de sujets obéissant à une monarchie qui réclame un droit divin d'une entité imaginaire. À ceci se rajoute l'élimination des postes de gouverneur-général, lieutenant-gouverneurs et tout le reste de cet appareil politique inutile et illégitime.

2. Séparation du législatif et de l'exécutif

Afin d'éviter une concentration du pouvoir et un dérapage anti-démocratique, le législatif (la Chambre des Communes) et l'exécutif (le Premier Ministre et le Cabinet) doivent être séparés, de façon à ce qu'ils exercent mutuellement sur eux-mêmes un système de poids et de contre-poids (checks and balances), comme dans le gouvernement américain. Avec l'abolition de la monarchie, le poste de Premier Ministre deviendrait un poste de Président.

3. Élections présidentielles (exécutif) à deux tours

Bien que tenté par le système de scrutin proportionnel, je dois remarquer que le scrutin uninominal  majoritaire à deux tours garanti tout de même une majoritaire absolue (50%+1) du Président. Donc, fini les premiers ministres «majoritaires» élus seulement avec seulement le tiers de la population. De plus, lors du deuxième tour, les médias auraient l'opportunité de finalement l'avoir ce «duel des chefs».

4. Formation du Cabinet selon le système des dépouilles (spoils system)

Le président, élu avec une majorité absolue, choisirait son Cabinet selon le système des dépouilles (spoils system) permettant ainsi de placer (théoriquement) des gens compétents à la tête de ministères. Il semble un peu anti-démocratique d'avoir des ministres qui ne sont pas élus par la population, mais il faut se rappeler que d'avoir des ministres comme Maxime Bernier ou Pauline Marois n'est pas à l'avantage de qui que ce soit. Pour équilibrer le tout, la Chambre des Communes aurait un droit de veto (deux tiers de la chambre) sur les nominations des ministres.

5. Élections présidentielles à dates fixes, mandat de 5 ans. Limite de deux mandats consécutifs.

Afin d'éviter les «dynasties» qui s'installent un peu trop longtemps avec leurs «clientèles», comme c'était le cas avec Jean Chrétien et Pierre Elliot Trudeau, le nombre de mandats devrait être limité comme aux États-Unis à deux consécutifs. Ces mandats devraient être à date fixe (e.g.: le 1er lundi de novembre) afin d'éviter que le Président puisse par opportunisme déclencher des élections dont le timing lui serait avantageux.

6. Élections législatives des comtés, à deux tours.

Encore une fois, bien que je suis tenté par le scrutin proportionnel, le recours au deuxième tour permet d'atteindre une majorité absolue. Reste à aux électorats canadiens et québécois à participer davantage au processus électoral, ce qui est loin des habitudes actuelles. Le système des circonscriptions («comtés») serait maintenu pour assurer aux gens une représentation selon des intérêts régionaux et locaux, bien qu'il reste tout de même d'énormes problèmes liés au découpage arbitraire et partisan de ces comtés (gerrymandering), qui présentement sous-représentent les régions urbaines du Québec, au profit de circonscriptions dépeuplées en régions.

7. Abolition du sénat, non-élu.

Ou bien on réforme le sénat de manière à ce qu'il devienne une chambre élue du gouvernement (mandats de 5 ans), ou alors on abolit cette branche du gouvernement législatif où sont placés anti-démocratiquement les «clients» du premier ministre.

8. Députés ont des mandats fixes, de 5 ans. Limite de 2 mandats consécutifs.

Pour éviter que s'inscrutent trop longuement des «politiciens de carrières» et favoriser le renouvellement de la classe politique (je déteste ce mot), les députés devraient être limités à deux mandats. On peut tous prendre une pause de Stéphane Dion ou de Denis Coderre.


9. Interdire la publicité en campagne électorale

Terminée la pollution visuelle à la télévision, et celle bien réelle de tout ces panneaux électoraux qui termineront à la poubelle. De toute façon, avec la publicité, ce sont les partis qui ont les coffres les mieux remplis qui sont avantagés. Et ai-je vraiment besoin de voir le visage de Justin Trudeau sur une pancarte pendant 1 mois?


10. Interdire la diffusion de sondages d'intention de vote en période électorale

Quand on sait que la firme Jean-Marc Léger, de Léger Marketing, siège sur le conseil d'administration de TVA, une branche de Québécor, ce conglomérat médiatique au service de la droite, on peut constater certains conflits d'intérêts qui peuvent survenir quand à l'objectivité et à la rigueur des sondages. Ces sondages en périodes électorales peuvent partiellement expliquer l'effet «boule-de-neige» qui permet à des vagues adéquistes et néo-démocrates, étant donné que certains électeurs préfèrent «gagner leurs élections» et ont peu de convictions politiques réelles, alors que d'autres agissent de manière similaire avec le vote stratégique pour voter contre un candidat, plutôt que celui réellement de leur choix.


11. Financement 100% public des élections

Les élections doivent servir à représenter les intérêts des gens réels et non celui des entreprises, qui étant de simples abstractions organisationnelles, ne sont pas réellement imputables de leurs actions (e.g.: la Blackwater Worldwide, bien qu'elle a été démantelée, est tout de même réapparue plus ou moins intacte sous la bannière Xe). L'idée de laisser à des firmes la possibilité contribuer aux caisses électorales semble dommageable pour l'idéal démocratique d'égalité juridique entre citoyens. D'autre part, un système qui permet à certains citoyens plus nantis à contribuer davantage que d'autres ressemble à de la ploutocratie... Avec un système public de financement des partis, chaque vote obtenu au premier tour donnerait un montant aux partis (e.g.: 2$ par vote, ajusté à l'inflation à chaque année).
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Images (domaine public)

Flying wedge: http://en.wikipedia.org/wiki/Flying_wedge